Haute-Vienne : des agents du Conseil départemental disent haut et fort leur mal-être

24 juin 2022 à 14h57 par Johan Detour

FLASH FM

Pour la bonne soixantaine de manifestants réunie jeudi 23 juin 2022 devant l’Hôtel du Département, l’idée était d’interpeller les élus sur « des conditions de travail qui se dégradent », entraînant  un « mal-être » des agents. Des grévistes qui pointent d’abord des salaires en berne, mais aussi un « manque de considération du personnel », ou encore des « heures supplémentaires non prises en compte ». Les grévistes reprochent également à leur employeur, le Département, « la mise en place au rabais de la prime Ségur pour seulement une partie des agents œuvrant dans le champ social ».

Les manifestants ont d’abord fait masse devant l’Hôtel du Département, interpellant les élus se rendant à la séance plénière. Certains ont échangé avec le nouveau député, Damien Maudet, qui avait fait le déplacement. Ce dernier en a profité pour noter plusieurs remarques des agents dans son carnet.

La foule a ensuite chanté sa colère et son inquiétude, à l’extérieur puis à l’intérieur du bâtiment. Après avoir souhaité un joyeux anniversaire au président du Département, Jean-Claude Leblois, qui fêtait hier ses 69 ans, les manifestants ont placardé leurs affiches et leurs pancartes sur les murs, avant de repartir.

 

 

Un mal-être récurrent
« Ces personnes veulent manifester et leur mal-être qui devient récurrent et qui s’amplifie, et leurs difficultés à exercer de leur métier, à y trouver du sens. Ces agents sont particulièrement inquiets de la manière dont ils rendent le service public à destination des usagers. Et en ce qui nous concerne, nous travailleurs sociaux, à destination des plus pauvres et des enfants, puisqu’il y a beaucoup d’agents de la protection de l’enfance qui vont mal et qui souhaitent le manifester », résume Céline Bouillon, éducatrice spécialisée au Conseil départemental 87.

« Il y a une grande réorganisation qui est à l’œuvre pour les Maisons du Départements sociales  assure Céline Bouillon. Aujourd’hui, les gens sont dans l’attente de voir la manière dont ça va se dérouler. C’est pour ça que symboliquement, il était vraiment très important de manifester ce que les travailleurs sociaux du Département ressentent aujourd’hui ».

La collectivité répond aux critiques
Le Département, par l’intermédiaire de sa vice-présidente Annick Morizio, dit au contraire être à l’écoute de l’ensemble du personnel : « Je suis très étonnée, le président et l’ensemble des élus sont très étonnés de ce mouvement de grève. Étonnés de la somme de mensonges énoncée, à la fois par écrit et par oral. Commençons par le premier, c’est-à-dire l’idée qu’avant le comité technique il n’y ait pas eu de négociations, de rencontres, d’échanges et d’écoute… C’est parfaitement faux, nous avons les preuves de ces invitations à ces réunions faites aux différents syndicats ».

Quoi qu’il en soit, l’une des principales revendications de cette soixantaine de manifestants n’est autre que la « rémunération » : « Au même titre que les agents de l’hôpital, nous réclamons des augmentations de nos salaires. Et cela, pour deux raisons. D’abord, il y a une défection, une vraie crise des vocations dans le travail social avec des jeunes qui ont du mal à venir ou qui ne restent pas. Et aujourd’hui, nous faisons même face aux départs d’anciens agents pourtant très impliqués », regrette Céline Bouillon.

Ségur de la santé
Voilà en partie pourquoi les manifestants exigent la généralisation du Ségur de la Santé (une prime de 183 euros décrétée par le gouvernement et destinée au personnel soignant) à l’ensemble des agents du Département œuvrant dans le champ du social.

Sur cette question encore, le Département se justifie : « 183 euros, c’était la décision du gouvernement. Le gouvernement décide et les collectivités paient ! Ces 183 euros, nous allons par exemple les verser aux agents du Centre départemental de l'enfance et de la famille, parce qu’ils font partie de médical et du coup, c’est la Loi. Pour tous les autres, beaucoup de Départements ne font rien, parce que nous n’avons pas obligation à la faire. Mais c’est parce que nous avons conscience des efforts qui sont faits par les agents, que nous les en remercions, et je pense que la population est très reconnaissante, que nous avons choisi d’augmenter la totalité des salaires de nos agents », indique Annick Morizio.

La vice-présidente reconnaît que cette augmentation de salaire n’atteint pas les 183 euros, mais précise que « la FSU demandait 183 euros pour tous, plus 200 euros de bonification, ce qui fait près de 400 euros par agent, multipliés par 12 mois, multipliés par 2 000 agents, ce qui fait à peu près 10 millions d’euros ». L’élue assure qu’« avec les apports que nous avons évalués, nous serions entre 3,5 et 4 millions d’euros de plus, mis sur la masse salariale. Et ce n’est pas rien ! »

Céline Bouillon, en sa qualité de travailleuse sociale pour le Département, tient à préciser que « ce mouvement est assez spontané. Contrairement à ce qu’on pourrait dire, aucune organisation syndicale n’est à l’initiative. Ce sont les travailleurs sociaux qui se sont adressés aux syndicats, afin de se couvrir et de pouvoir déposer un préavis de grève ». Pour le Département, c’est simplement un coup d’éclat d’un petit noyau du syndicat FSU : « Le 8 décembre, ce sont les élections syndicales. Alors, ils font chauffer la colle pour essayer de montrer que le syndicat FSU est beaucoup plus fort que les autres », pense Annick Morizio.

Le Conseil départemental fait savoir qu’il a recensé 62 grévistes sur ses 2 000 agents.