Corrèze : Les pharmacies en pénurie de médicaments
Publié : 22 avril 2024 à 11h57 par Hugo Kucharski
Depuis maintenant plusieurs mois, les pharmacies corréziennes, et plus globalement en France, font face à des pénuries de médicaments. Une situation préoccupante, et qui pourrait bien empirer dans les prochains mois.
4.900. C'est le nombre de médicaments en rupture, au 1er janvier 2023, dans toutes les pharmacies de Corrèze. Un chiffre qui connaît malheureusement une énorme croissance depuis plusieurs années. Cela fait maintenant quelques mois que dans le département, il est de plus en plus difficile de se procurer certains médicaments. "Depuis 2021, le nombre de ruptures a augmenté de 128%", constate amèrement Olivier Marquet, président de la Chambre Syndicale des Pharmaciens de la Corrèze.
Tous les répertoires de médicaments touchés
Cette pénurie, elle semble durer depuis plusieurs mois, voire même plusieurs années. "Ce n'est pas du tout un phénomène récent. Et surtout, ça augmente", déplore Olivier Marquet. Parmi les médicaments les plus touchés, on retrouve notamment les injectables anti-diabétiques, mais pas seulement.
La raison de ces pénuies ? Une augmentation de la consommation de médicaments à travers le monde. "80% des molécules et principes actifs de ces médicaments en rupture sont fabriqués en Chine ou en Inde. Là-bas, on note une augmentation de la consommation des médicaments. Donc il y en a moins pour le reste du monde", analyse le président de la chambre syndicale.
La baisse des prix des médicaments pourrait aussi être une des causes de ces pénuries. "On a des prix extrêmement bas, qui ont été baissés sans arrêt depuis une dizaine d'années en France. Les industriels ne sont donc pas forcément à même de travailler sans marge, notamment pour les molécules de grande consommation".
"Nous ne sommes pas très optimistes"
Quelles sont donc les solutions lorsqu'un médicament est en rupture ? Comme nous l'explique le pharmacien, il y a toujours des plans B. "On appelle le médecin, ou alors on voit si on peut faire quelque chose auprès des fournisseurs. Si tout le monde est de bonne volonté, il n'y a pas toujours de souci. Mais il faut que le patient, le médecin et le pharmacien y mettent du leur. Après, c'est au cas par cas... Et en fonction, on se débrouille comme on peut".
"Il faudrait relocaliser la chimie lourde. Les industries pharmaceutiques, on en a en France et en Europe. Mais la chimie lourde, on n'en a plus. Son problème, c'est que c'est pollueur... Donc il faudrait qu'on ait un accord entre nous pour relocaliser ces entreprises"
Une situation qui ne devrait pas forcément aller en s'arrangeant, du moins dans les mois à venir. "Nous ne sommes pas très optimistes, tant qu'on continue à utiliser le médicament comme variable d'ajustement des comptes. Ça peut aller jusqu'à un certain point, mais manifestement on est dans des moments vraiment trop tendus pour pouvoir éviter ces ruptures", avertit Olivier Marquet. Reste à savoir comment vont évoluer les ruptures en 2024, alors que les chiffres ne sont pas encore tombés pour ce début d'année...