Guéret : « Je n’ai qu’une envie : que l’Agglo puisse fonctionner »

19 mai 2021 à 10h32 par Hugo Kucharski

FLASH FM
Ça fait maintenant plusieurs mois que la situation est tendue dans l’Agglo du Grand Guéret. En quelques mots, que s’est-il passé ?

En fait, la situation est tendue depuis le premier jour où on a mis les pieds à l’Agglo. M.Correia (président de l’Agglo, NDLR) a réussi à persuader l’ensemble des maires des communes rurales que Guéret venait pour s’opposer à elles, ce qui est absolument faux. Nous sommes passés outre, parce qu’on a été élus pour travailler, et que la com’ d’Agglo est une instance très importante. On a travaillé, mais quand est arrivé le vote du budget, il y a eu une cassure extrêmement nette. J’ai posé beaucoup trop de questions sur le déficit, et je me suis opposée farouchement à la levée d’impôts de 4 points qui était destinée à combler ce déficit. Là, la rupture a été totale.

Aujourd’hui, quelle est la situation ?

J’ai été destituée par M.Correia, qui a pris un arrêté administratif, de mon poste de vice-présidente à la commercialisation du cœur de ville et à la politique de la ville. 2 de mes élus l’ont été aussi, de la même façon. Moi j’ai été destituée par le vote, et au vu de cette situation, les 2 autres élus ont décidé de se retirer, et n’ont pas subi le même vote que moi. Ils se sont retirés par solidarité.

De votre côté, vous déclariez ne pas vouloir être « une potiche », et que vous démissionneriez si on vous retirait vos fonctions. Aujourd’hui, vous avez donc joint les actes à la parole…

C’est-à-dire que c’est M.Correia qui nous a retiré nos fonctions. Après cet arrêté, il était toujours possible de siéger comme vice-présidente, mais sans avoir aucune responsabilité. J’avais dit que c’était tout bonnement hors de question. De toute façon, le vote du conseil communautaire m’a enlevé mon statut de vice-présidente.  Donc les choses sont claires : je n’ai pas démissionné, mais ce statut m’a été enlevé par 26 voix contre 25, et 3 abstentions. Je ne le considère absolument pas comme une défaite, mais le fait est là. De toute façon, je ne suis plus vice-présidente.

« L’Agglo sans Guéret, j’avoue que je ne vois pas comment cela va pouvoir se faire »

 
 
 
Aujourd'hui, comment va fonctionner l’Agglo sans Guéret ? La Ville représente quand même 60% des recettes de l’Agglo…

Là, c’est une question qu’il faudrait poser à M.Correia. Je ne sais pas, c’est un modèle uniquement en son genre. Je ne pense pas qu’en France, il y ait une autre communauté de communes qui fonctionne sans sa ville Préfecture. Il est clair qu’on a 40% de la population, 60% des recettes. Nous, on va continuer à travailler pour la ville de Guéret, c’est notre premier but. Après, au niveau de l’Agglo je ne sais pas comment ça va se passer, mais sûrement très difficilement. Guéret a besoin de l’Agglo, c’est une évidence. Moi je n’ai qu’une envie : c’est que l’Agglo fonctionne, mais pas dans les conditions actuelles. Par contre, l’Agglo sans Guéret, là j’avoue que je ne vois pas comment cela va pouvoir se faire.

« On a définitivement fâché tout le monde »

Et du côté de la municipalité de Guéret, est-ce que des choses vont changer ? On peut notamment penser à des projets qui pourraient tomber à l’eau…

Il y aura forcément des projets qui vont être impactés. Déjà, quand on parle de mutualisation par exemple. Guéret, c’est quand même l’organe principal de mutualisation pour les autres communes, puisque nous avons les services en central. La mutualisation est complètement bloquée à partir du moment où Guéret n’est plus dans la gouvernance. Je pense qu’il a des dossiers comme ça qui vont avoir du mal à évoluer. On partage la voirie, des terrains sur la Zone d’Activités… Guéret a quand même débloqué le dossier de l’eau, il ne faut pas l’oublier. Si Guéret n’avait pas été d’accord pour que l’eau soit gérée par l’Agglo, elle ne le serait pas. Maintenant, je ne sais pas comment ce dossier va évoluer sans nous. Moi, je ne me projette pas sur le long terme. Je vais me consacrer à ma ville, on est capables de monter des projets nous-mêmes. Heureusement qu’on n’attend pas l’Agglo, parce que sur un projet comme la piscine, je pense que les habitants n’auraient pas de quoi nager pendant 7-8 ou 10 ans. Moi, je vais me baser sur mes projets à Guéret et on verra après sur le moyen-terme en quoi on est gênés par le fait qu’on ne puisse plus être à la gouvernance de l’Agglo.

Vous parliez du fait que vous aviez posé beaucoup de questions qui dérangeaient lorsque vous êtes arrivée au sein de l’Agglo. Pensez-vous que cette décision peut être considérée comme des représailles ?

A 100%. C’est exactement l’analyse que j’en fais. Le mot d’ordre de l’Agglo, c’est « si on est à l’Agglo, on vote tous dans le même sens, et on a une pensée unique : celle de M.Correia et ses apôtres ». Bien entendu que la rupture elle vient du fait qu’on a, même pendant notre campagne, alerté sur la situation financière de l’Agglo. Quand cette situation financière s’est effectivement concrétisée, on a commencé à poser des questions beaucoup trop importantes et précises. On a définitivement fâché tout le monde en ne votant pas le budget, parce que ce budget n’est pas clair. Et surtout parce qu’on demande aux habitants de combler un déficit outrancier et qui s’est creusé pendant des années sans que personne ne sache rien. On a décidé d’être transparents, et de penser par nous-mêmes.

« Je suis ouverte au dialogue et favorable à la réconciliation, mais sous certaines conditions »

Aujourd’hui, on sent qu’il y a vraiment une cassure entre Guéret et l’Agglo. Je suppose que vous êtes cependant ouverte au dialogue pour améliorer la situation et pour faire en sorte qu’il y ait une réconciliation possible entre l’Agglo et la Ville ?

Absolument. Je suis ouverte au dialogue et totalement favorable à une réconciliation, mais sous certaines conditions. Il faut que la philosophie change, et qu’on ait le droit de dire ce qu’on veut, de poser les questions qu’on veut et de penser ce qu’on veut. En matière de gouvernance, il faut que les choses évoluent. Moi, je suis absolument ouverte à tout dialogue avec toutes les communes rurales qu’il y a autour et au sein de l’Agglo. Je ne suis pas forcément ouverte au dialogue avec le président actuel. C’est lui qui a voulu la cassure, ne l’oublions pas. Le dialogue, de mon côté, est totalement ouvert avec les élus de l’Agglo, à condition que le contexte change complètement.

Aujourd’hui, vous avez été destituée de votre place de vice-présidente. Est-ce qu’un dialogue est justement prévu dans les prochains jours, les prochaines semaines ? Ou pour l’instant ce n’est pas du tout en projet ?

La cassure, c’est M.Correia qui l’a voulue. On ne va pas me demander à moi d’essayer de réfléchir et d’œuvrer pour que les choses s’améliorent, c’est le monde à l’envers. Moi, je suis maire de Guéret. Si quelque chose doit évoluer au sein de l’Agglo, c’est le président qui en a l’initiative. Il ne faut pas retourner les choses et rendre les victimes coupables. Moi, je ne suis coupable de rien, à part d’avoir gardé mon franc-parler. Je suis la maire de Guéret, la ville Préfecture, et maintenant c’est au président de l’Agglo de voir ce qu’il a envie de faire.